Page 5
" Get Fun "
En 2016 il est temps de penser à autre chose, il est temps de se faire de la joie,
d'oublier les potins, les harcèlements et le mépris de ces Malaisans rabat-joie, envieux, jaloux.
J’ai trouvé une salle de plus de 200m2 pour y exposer mes tableaux.
Une dépendance médiévale à côté du château de Brig. Le « Alter Werkhoff » qui servait autrefois de hangar et d’atelier pour les calèches
avec une annexe qui servait d’hôpital sous l’ère napoléonienne. Un hangar de préparation avant de passer le col du Simplon.
Cette grande surface est destinée aux artistes par la ville de Brig.
La location n’est pas excessive. Je m’inscris à l’agenda avec suffisamment de temps pour me préparer d'exposer sur une aussi grande surface comme exposant unique. Ce qui est assez rare. En général les artistes se mettent à plusieurs. Mais j’ai de quoi remplir toute la surface.
Le jour du vernissage, une journaliste se présente accompagnée de sa mère. Étrangement, sa maman reste sur le pas de porte.
Elle n’ose pas entrer. Elle semble attendre que je le lui souhaite la bien-venue.
Elle me salue par de petites courbettes de respect qui me font penser à la noblesse du moyen-âge.
J'insiste de l'accueillir puis elle rejoint sa fille qui commence son interview.
J’explique attentivement devant les visiteurs, l’expression de ma peinture. Ce qui me vaut une demi-page sur le « Walliser Bote ».
Les visiteurs, des groupes et des classes viennent de toutes parts.
Des touristes de toutes nationalités, canadiens, belges, allemands venant de Zermatt, Saas-Fée, ainsi que des valaisans de différetes régions.
Une ambiance internationale agréable se dégage.
Quand soudain,
une dame accompagnée de ses trois filles, se dirige vers moi pour me dire : « C’est vous le peintre !? Pourquoi venez-vous chez nous !? »
Gênées, les trois filles essaient de retenir leur mère.
Éberlué d’une telle question embarrassante qui n’appartient pas au domaine artistique, je n’ai eu aucun réflex pour répondre.
En 2016 je n’avais pas encore compris que parmi les valaisans se cachaient des Malaisans !
J’aurais pu lui dire que je suis le locataire de la galerie et qu’elle devait sortir, si mes œuvres ne sont pas à son goût.
Et puisque ce n’était pas mes œuvres qu’elle visait elle chercha des erreurs de traductions dans la liste de mes tableaux.
Heureusement, certains ont reconnu qu’il s’agissait du travail de toute une vie, d’autres m’ont invité à prendre le café.
Le maire est venu.
Il était accompagné d’un peintre pour commenter mes tableaux.
Le peintre en me regardant avait toujours le pouce levé alors que le maire ne comprenait pas le tableau.
On a discuté d’Eischoll et des cloches de l’église qui n’arrêtent pas de sonner tous les quarts d’heures.
À l’heure de l’horloge analogique, les cloches n'ont plus la même utilité...

Avant l’exposition, un accident grave s’est produit.
Un accident sur un tableau. Mon préféré, celui que je tiens le plus à cœur.
Je désirais refaire l’encadrement pour mieux le protéger.
L’encadreur avait deux galeries à Sierre et à Sion. C’est sa femme qui m’a répondu.
Je suis venu avec le tableau pour expliquer clairement ce que je désirais comme encadrement, avec une vitre antireflet.
Plus tard je suis allé trouver son mari à Sion. Il m’a raconté qu’il avait fait son apprentissage à la célèbre galerie Chédel à Genève.
Le fils Chédel copain de classe m’avait fait quelques encadrements à mes débuts.
Pour être certain de son travail, je lui ai demandé de m’appeler lorsqu’il aura ouvert le cadre, car l’œuvre était peinte sur un papier glacé genre poster.
Je me suis souvenu qu’il ne fallait pas coller le papier sur la plaque de pavatex. Après un certain temps, j’ai reçu un téléphone que l’encadrement était prêt. Je me suis pointé devant sa boutique. Il n’y avait personne. J’ai attendu qu’il vienne.
À ma stupéfaction, je le vois arriver à l’angle de la rue accompagné d’un individu qui le soutenait. Il n’arrivait pas à marcher. Il était ivre !
Il entra dans sa boutique. Puis posa le tableau sur la grande table de son atelier.
Il n’est pas emballé, lui dis-je. « Ça va comme ça. Ça fait 420 francs. ».
Je dois aller à la voiture chercher du papier-bulle.
Il commençait de s’énerver. Puis je lui dis :
le cadre n’est pas droit ! Et là, il y a des taches de colle !
Il ne fallait pas coller l’œuvre sur le support en pavatex !
Il devenait brusque, grossier et vulgaire. Dans sa nervosité, je craignais qu’il endommage encore davantage le tableau.
J’ai payé, reçu la quittance je suis sorti de sa boutique, comme pour m’enfuir le plus vite possible.
Considérant la valeur de l’œuvre, j’ai essayé de porter plainte pour me faire rembourser.
Impossible, il avait trop de plaintes et trop de débiteurs.
Sa galerie fut fermée peu après.
En discutant avec les galeristes, j’ai appris qu’il était très malade.
De Brig il aurait fallu aller à Domodossola pour encadrer. Un seul encadreur est crédible en Valais. Il encadre pour la galerie Mounir.
Rien ne pouvait réparer les dégâts sauf moi. Je m’étais déjà exercé sur des tableaux africains à faire des retouches.
J’ai pu commander la même peinture émail. Avec des photos zoomées et des lunettes grossissantes
j’ai repéré les tâches de colle pour les effacer avec un coton mouillé.
Une fois les retouches terminées, je suis allé chez la galerie Maison du Cadre, Chédel pour faire un encadrement top qualité avec une vitre antireflet.
Rien de pire ne pouvait m'arriver pour en vouloir à tous les valaisans.
Comment pardonner ?
C’est une immense injure de la part d’un encadreur qui devrait savoir reconnaître l’art.
Que du mépris sans aucune considération pour le peintre.
Il faudra que je le demande au Bouddha Gautama, comment lui pardonner.